Mon dessinateur vit dans une ville où règne le vice
et où l’on parle des dialectes étranges.
La première fois que j’ai entendu son accent j’ai cru que Pascal Le Cruel avait filé mon numéro à la mafia de Charleroi et que j’allais finir coulée dans un bloc de béton au fond de la Sambre.
Mais quand je l’ai vu, j’étais prête à mélanger le béton moi-même avec ma langue dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
Bien sûr, je ne l’ai pas engagé que parce qu’il est beau, jeune, musclé et plein de pwals
mais parce qu’il dessine
tient huit heures de suite comme un dieu ! Il donne une vie et une texture à Katy MO qui accentue son côté nounours et qui la rend adorable. Il apporte réellement une nouvelle dimension
tu bossais chez Dorcel avant ? C’est une greffe, c’est humain ? à mon personnage et je suis très contente de cette collaboration.
Nos rapports de travail sont très sereins
j’arrive à me retenir de baver quand je le vois et je tiens au moins 20 secondes avant de m’enrouler autour de ses pieds en miaulant, très concentrés sur l’avancement de la BD
on travaille d’abord ou pas ? non ? Ok …je peux ranger mon dossier quand même…non plus ? Ok, et très créatifs : on fait des décors à l’américaine ou manga ?
si tu mets ta langue dans mon oreille t’arrives à aller jusqu’où ?
Entre nous, on plaisante de nos rapports hiérarchiques : il me présente en disant « Kate, ma scénariste ». Je lui dis « Ho Man ! Je suis ta boss, tu travailles POUR moi! ».
Alors il arrache ma jupe et aussi ma culotte mais de moins en moins parce que je n’en porte plus et il me dit « maintenant c’est qui le patron ? » et dans le fond il a raison parce que je l’écris quand même un peu le scénario de ma BD donc on peut dire que je suis scénariste finalement on ne va pas chipoter sur les mots.
La Happy Company est fière de pratiquer le multiculturalisme et lui en échange il m’apprend le turc : maintenant je sais dire « Bonjour, je m’appelle Kate et je suis la directrice de Katy MO et j’aime beaucoup
manger les fesses de mon dessinateur Istanbul, c’est une ville magnifique ! »
J’envisage de présenter un pilote de 15 pages aux éditeurs mais je pense que cela aura plus d’impact si on en ajoute quelques unes
sept ou huit mille?. Je l’annoncerai à mon dessinateur à notre prochaine réunion de travail.